Rencontres de la Francophonie

Editorial : La Francophonie n’est pas un simple concept

Professeur Gabriel Rahmi
Hôpital Européen Georges Pompidou
APHP.Centre Université de Paris Cité
Email : gabriel.rahmi@aphp.fr

La Francophonie en endoscopie n’est pas un simple concept.
C’est une formidable opportunité pour les locuteurs de la langue française de mener des actions communes et de défendre les valeurs auxquelles nous sommes si attachées parmi lesquelles la solidarité, l’humanisme, la démocratie et le respect de la diversité des cultures.

Depuis deux ans la commission francophonie de la SFED s’est attachée à mener plusieurs actions concrètes : la création d’une bourse permettant à de jeunes endoscopistes francophones d’être initiés aux dernières procédures endoscopiques avancées dans des centres français d’excellence, la promotion de la formation en endoscopie et l’organisation de symposiums ouvrant un espace d’échanges toujours plus riches et passionnés. Les membres de la commission sont issus de nombreux pays à travers le monde francophone en passant tout d’abord par l’Afrique, mais aussi le Liban, le Canada, la Roumanie et la Belgique. C’est l’occasion pour moi de les remercier chaleureusement pour leur précieuse et active participation.

Les principales limites au développement de l’endoscopie dans les pays francophones notamment africains ont ainsi pu être mises en exergue. La plus importante est liée au coût élevé des équipements mais surtout à l’absence d’assistance pour leur maintenance/réparation. Il n’est pas acceptable de vendre des équipements comme des endoscopes ou des processeurs dans les pays d’Afrique sans assurer un minimum de service après vente. Les firmes d’endoscopie doivent assumer leur part de responsabilité et proposer ce service. Certaines ont commencé à proposer des solutions, mais le chemin est encore long.
Une deuxième limite est la difficulté d’accès aux dispositifs médicaux allant du simple clip à la prothèse métallique expansible. Devant un marché jugé peu lucratif, de nombreuses sociétés d’endoscopie ont décidé de passer par des distributeurs qui vendent ces dispositifs à des prix prohibitifs. L’idée d’une plateforme regroupant les commandes émanant d’une même région en Afrique a émergé de nos discussions et pourrait ainsi permettre aux vendeurs de dispositifs de redevenir des acteurs de premier plan. Il faut également soulever le problème du matériel à usage unique, très souvent réutilisé en Afrique faute de moyens, qui fait l’objet d’une enquête de pratique par nos collègues endoscopistes africains et dont les résultats seront présentés lors des rencontres de la francophonie organisées au décours de Vidéo Digest cette année.
L’accès à la formation notamment pour l’endoscopie avancée comme l’endoscopie biliopancréatique ou la résection tumorale, reste limitée. La SFED s’est engagée depuis plusieurs années à soutenir des centres très actifs comme le centre international de formation post graduée en hépato-gastroentérologie de l'OMGE/WGO de Rabat, mais également plus récemment au Liban ou au Sénégal. Le développement de la « télé-endoscopie », c’est à dire un enseignement par accompagnement à distance directement en salle d’endoscopie, est un axe de travail de la commission qui nous semble prometteur.

Enfin comment ne pas évoquer un défi encore plus grand à l’échelle des états francophones pour améliorer les infrastructures, l’accès aux soins et en particulier à l’endoscopie avec un système de couverture sociale encore balbutiant dans la plupart des pays africain. Un vaste travail de recensement de l’activité endoscopique a débuté au sein de la commission et devrait permettre de fournir des données actualisées dans chaque pays francophone sous la forme d’un livre blanc.

La Francophonie a besoin de nous et doit être défendue dans le monde. L’attente est grande et la motivation pour développer l’endoscopie digestive dans le monde de la francophonie encore plus grande.

Nous espérons vous voir nombreux aux rencontres de la francophonie de la SFED !